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29 avril 2015 3 29 /04 /avril /2015 02:47
Le jour où la vallée de la Bourges, en Ardèche, s’est enflammée : La guerre du RAY-PIC.

Si les volcans d’Auvergne sont célèbres aux yeux des Français – ils les ont étudiés à l’école et beaucoup les ont visités grâce à VULCANIA – on connait un peu moins les jeunes volcans d’Ardèche. Pour avoir traversé du nord au sud ce département, l’automne dernier, j’avoue que sans l’accompagnement explicatif du site du RAY-PIC, n’étant pas moi-même géologue, j’aurais traversé le site des cascades du Ray-Pic, en admirant certes le paysage, mais sans en comprendre toute l’histoire.

Je vous invite à me suivre sur les traces des volcans d’Ardèche…

Le jour où la vallée de la Bourges, en Ardèche, s’est enflammée : La guerre du RAY-PIC.

Voici le Mont GERBIER de JONC.

Cette protubérance âgée de 8 millions d’années est le signe d’une ancienne activité volcanique. Avec son allure de « pain de sucre », ce dôme de lave solidifiée culmine à 1551 mètres d’altitude. Chaque année des milliers de promeneurs l’escaladent. Mais il est célèbre surtout pour ses liens avec la Loire, le plus long fleuve de France, qui prend « ses sources » à ses pieds. En effet, trois petites sources se rejoignent pour donner naissance au fleuve.

Il faut compter moins d’une heure pour gravir le sommet du Mont et le redescendre. La promenade vaut le détour, car elle offre un vaste panorama sur les plateaux de la Loire, et le chapelet des sucs. Il parait même, que par beau temps, on peut apercevoir les Alpes.

Nous sommes dans la région des « sucs », autrement dit d’anciens volcans à lave si épaisse qu’elle a refroidi avant de s’écouler, donnant une roche appelée « phonolithe », de couleur grise dont les Ardéchois ont tiré des « lauzes » pour servir de toitures à leurs maisons.

Le jour où la vallée de la Bourges, en Ardèche, s’est enflammée : La guerre du RAY-PIC.

Voici un exemple de toiture en lauzes. Il s’agit de la ferme où une des trois sources de la LOIRE jaillit. Elle est considérée comme la « source véritable », c’est-à-dire officielle. Située sous la ferme de Sagnas, elle sort de terre dans un pré, à 1408 m d’altitude, sous la forme d’un petit filet d’eau. Elle passerait inaperçue, sans l’inscription suivante qui la désigne avec solennité et émotion :

« Ici commence ma course vers l’océan ».

Le jour où la vallée de la Bourges, en Ardèche, s’est enflammée : La guerre du RAY-PIC.

Il y a peu de monde sur la route, en ce mois de novembre 2014, le temps est gris, froid et peu propice au tourisme. Cependant, la nature hivernale exprime une sauvagerie puissante qui force le respect. Quelque chose d’envoutant nous saisit et rien ne nous retient de quitter son véhicule douillet pour aller admirer tel point de vue, tel torrent, telle cascade.

Non, rien. Ni le vent, ni la pluie, ni la monotonie des couleurs. Nous courrons, frigorifiés et heureux, vers le pont de pierre, la table d’orientation ou le vieux clocher de village, protégeant l’objectif de l’appareil photo de la pluie.

Paysage de Haute Ardèche, en automne.

Paysage de Haute Ardèche, en automne.

La route longe la vallée d’une tumultueuse rivière de montagne. Elle se fraie un chemin parmi d’énormes rochers et se cogne à des parois de basalte. Un pont, tout en bas, la traverse. Une invitation sans doute à voir de plus près le puissant mouvement interminable.

A mi-parcours, une esplanade occupée par une sorte de préau à l’architecture moderne, construit avec du bois et des pierres de pays, accueille les visiteurs, à l’initiative de la communauté de communes à laquelle participe le village de Péreyres. Nous sommes en effet sur le site naturel d’un volcan éteint depuis moins de quarante mille ans.

L’architecture moderne remplit la fonction d’accueil, de découverte et de refuge propice aux rencontres, aux échanges et à la culture. En effet, il nous raconte l’histoire du lieu qu’il nous invite à visiter en suivant le chemin balisé.

Le jour où la vallée de la Bourges, en Ardèche, s’est enflammée : La guerre du RAY-PIC.
Le jour où la vallée de la Bourges, en Ardèche, s’est enflammée : La guerre du RAY-PIC.

Dans un coin, une grande table et des bancs qui ne renient pas la rusticité de l’habitat traditionnel de montagne, sont une invitation au partage. Nous sommes sur le site naturel du RAY-PIC.

Nous allons en effet partager de l’émotion (la beauté), de la culture (l’histoire du volcan Ray-Pic ainsi que la géologie), et l’exercice physique : une promenade balisée et sécurisée permet de s’approcher de la deuxième cascade. D’importants travaux ont été réalisés dernièrement, pour permettre aux 130 000 personnes par an, d’admirer la beauté de ce « Grand site de France » depuis 1931.

La vallée de la Bourges, rivière qui saute de cascade en cascade, dans un terrain pour le moins accidenté, s’étend à nos pieds.

A quelques kilomètres, en amont, les éruptions du volcan RAY-PIC ont bien dû effrayer les hommes de Neandertal qui vivaient ici. A voir le nombre de volcans qui ont laissé des vestiges de leur existence explosive, à travers des cratères envahis par la nature, parfois comblés de lacs, comme celui d’Issarlès, à travers les coulées de basalte, il est facile de se représenter la terreur des hommes, jointe à la beauté de paysages apocalyptiques, alors.

Le jour où la vallée de la Bourges, en Ardèche, s’est enflammée : La guerre du RAY-PIC.

Le volcan RAY-PIC est apparu vers – 78 000 ans. C’est un volcan très original, de type « Maar ».

Ce système s’oppose au type « Strombolien », plus connu, qui consiste en une éruption de surface qui crée un cône presque parfait, au fur et à mesure que les laves, roches en fusion , projectiles, bombes sont projetées et retombent autour de la colonne. A chaque éruption, le volcan « grandit » d’une couche supplémentaire. Si la lave n’a pas percé de cheminée latérale, il peut avoir la forme d’un cône parfait. En tout cas, c’est ainsi qu’il est schématisé dans les livres.

Dans le type « maar », il y a également une montée du magma, sous l’effet de pressions internes, qui perce la croute terrestre pour se frayer un chemin. Seulement, ici où la région est très arrosée, la lave en fusion rencontre les eaux d’infiltration. Il se produit une explosion violente qui éjecte des morceaux de roches, des bombes, des poussières, des laves, donnant naissance à une sorte d’immense entonnoir. En retombant, les scories s’agglutinent autour du cratère et forment une sorte de bourrelet qui refroidit peu à peu. Il arrive un moment, c’est-à-dire des milliers d’années, voire dizaines de milliers, voire plus, où l’activité diminue, l’entonnoir se remplit, la lave ne descend plus dans la vallée et le refroidissement commence. Cela s’est produit ici. Un jour, 40 000 ans après les premières éruptions, une fois le Ray-Pic endormi et la lave complètement solidifiée, la Bourges a pu de nouveau se creuser un lit sur le plateau et s’est jetée sous la forme de plusieurs cascades dont l’une fait un bond de 32 mètres.

Le jour où la vallée de la Bourges, en Ardèche, s’est enflammée : La guerre du RAY-PIC.

Nombreux sont les vestiges de l’activité du volcan.

Ainsi, d’anciens tunnels de lave, ou le long de la Bourges, les caractéristiques orgues basaltiques. Remarquez la limpidité de l'eau !

Le jour où la vallée de la Bourges, en Ardèche, s’est enflammée : La guerre du RAY-PIC.

Mais, c’est à Antraigues-sur-Volane, que l’on découvre cet impressionnant autel basaltique, d’où se jette la cascade de l’Espissard.

Le Feu a fait place à l’Eau, tout aussi belle, puissante et fascinante.

Inlassable, l’eau court et sa force est telle qu’elle entaille d’énormes roches.
Inlassable, l’eau court et sa force est telle qu’elle entaille d’énormes roches.

Inlassable, l’eau court et sa force est telle qu’elle entaille d’énormes roches.

« Comme le Feu, l’eau semblait à Oulhamr un être innombrable ; comme le Feu, elle décroît, augmente, surgit de l’invisible, se rue à travers l’espace, dévore les bêtes et les hommes ; elle tombe du ciel et remplit la terre ; inlassable, elle use les rocs, elle traine les pierres, le sable et l’argile ; aucune plante ni aucun animal ne peut vivre sans elle ; elle siffle, elle clame, elle rugit ; elle chante, rit et sanglote ; elle passe où ne passerait pas le plus chétif insecte ; on l’entend sous la terre ; elle est toute petite dans la source…(…)

Ainsi sentait Naoh devant les flots inépuisables. »

Comment ne pas évoquer ici, l’émotion et la fascination des premiers hommes face à l’invincible puissance de la nature, si bien décrite par J.H. ROSNY Aîné dans son roman : La Guerre du Feu.

Le jour où la vallée de la Bourges, en Ardèche, s’est enflammée : La guerre du RAY-PIC.

Entre deux sauts, comme pour mieux se préparer à prendre un nouvel élan, la Bourges goûte un instant de sérénité.

Pour en savoir plus :

Pierre Boivin, géologue chercheur au CNRS, professeur à l'Université de Clermont-Ferrand :

http//www.sithere.fr/destination-patrimoine/volcanisme-et-geologie.html

http//www.volcans-ardeche.com

http/www.ardechedessourcesetvolcans.com

Et pour ceux qui s'intéressent aux concepteurs du site d'accueil :

http/www.itinerairebis.net

Il est impossible de citer toutes les sources, tant il y en a, donc bonne chance !

Merci de votre attention !

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