Ils ne peuvent se résoudre aux ténèbres,
Narcisses amoureux de leur propre image
- Il faut dire que mers & océans leur sont d'infinis miroirs -
Comme s'ils craignaient que le Passé,
D'où ils viennent et qu'ils imaginent, embusqué
Dans l'ombre,
Ne les reprennent à jamais.
Alors, ils guettent les poètes,
Seuls capables de les accompagner,
Jusqu'au bout de la nuit.
Frégate ARA LIBERTAD.
Construit en 1953, ce navire-école de la marine argentine est un des plus grands voiliers du monde.
Il arbore une magnifique figure de proue, dont Jean-François DENIAU nous donne la définition, dans son Dictionnaire amoureux de la mer et de l'aventure (Ed. Plon)
« Représentation en bois sculpté d'une figure humaine, d'un personnage historique, d'un dieu, d'un animal fantastique, que l'usage plaçait à l'avant d'un navire, sous le beaupré, et qui souvent rappelait le nom du navire. Ce sont ces formes de sirènes qui entrainèrent pendant des siècles les bateaux à la découverte des continents et à l'abordage des adversaires. Elles furent supprimées, pourquoi? Mystères de l'Administration, par un décret de 1785. Comme déraisonnables. Erreur. Il n'y a pas de progrès sans une chimère en tête. »
Cependant, la sirène argentine, la tête encore éblouie,
Se dresse, provocante, toujours tendue vers l'avenir
Qu'elle espère sans fin,
Malgré l'obscurité fatale.
Sure d'elle, elle exhibe sa chevelure constellée.
Alors, elle peut confondre les étoiles
Qui, peu à peu se retirent.
Pierre LOTI raconte, dans Pêcheur d'Islande, comme sont malmenés les bâteaux et les hommes, dans les tempêtes :
" Elle fuyait devant le temps, la Marie, fuyait, toujours plus vite; et le temps fuyait aussi, devant je ne sais quoi de mystérieux et de terrible. (...)
Elle glissait comme à reculons, la montagne fuyante se dérobant sous elle pour continuer de courir, et alors elle était replongée dans un de ces grands creux qui couraient aussi; sans se meurtrir, elle en touchait le fond horrible, dans un éclaboussement d'eau qui ne la mouillait même pas, mais qui fuyait comme tout le reste, qui fuyait et s'évanouissait en avant comme de la fumée, comme rien...
Au fond de ces creux, il faisait plus noir, et après chaque lame passée, on regardait derrière soi arriver l'autre; l'autre encore plus grande, qui se dépêchait d'approcher, avec des contournements furieux, des volutes prêtes à se refermer, un air de dire : " Attends que je t'attrape, et que je t'engouffre "...
Mais non, elle vous soulevait seulement, comme d'un haussement d'épaule on enlèverait une plume, et, presque doucement, on la sentait passer sous soi, avec son écume bruissante, son fracas de cascade.
Et ainsi de suite, continuellement. Mais cela grossissait toujours. Ces lames se succédaient, plus énormes, en longues chaînes de montagnes dont les vallées commençaient à faire peur. Et toute cette folie de mouvements s'accélérait, sous un ciel de plus en plus sombre, au milieu d'un bruit plus immense."
Mais, revenons à Toulon, en ce mois de juillet 2007, où la TALL SHIPS' RICES, vint pour la première fois, faire escale dans un port français de la MEDITERRANEE. Et admirons l'un des voiliers les plus rapides dans sa catégorie : le STAD AMSTERDAM.
Ce clipper trois-mâts a été construit en 2000 par des chômeurs en réorientation et des lycéens qui avaient terminé leurs études secondaires, projet qui a dynamisé la ville et dont les Hollandais sont fiers, à juste titre.
J'avais ce jour-là, pour tout appareil photographique, un modeste téléphone portable, bien loin des performances de ceux d'aujourd'hui. Craignant de ne pouvoir revenir le lendemain - ce qui s'est produit - j'avais pris quelques clichés, de qualité médiocres.
Voici plus loin, "L'AMERIGO VESPUCCI".
C'est un immense voilier-école de la marine militaire italienne, un des plus grand voiliers du monde. Construit en 1930, il est basé à GENES. Il sert à former des élèves-officiers. Mais ces dernières années, il conjugue également le rôle d'ambassadeur de la culture et de l'ingénierie italiennes.
Il est présent dans les grands rassemblements internationaux, comme la Tall Ships' Rices, en 2007, l'Armada de ROUEN, les Voiles de Légende, en 2013, à Toulon, que j'évoquerai bientôt.
Beaucoup plus petit, non moins élégant, le CALA MILLOR est un brick-goélette espagnol qui sert essentiellement à la croisière en Méditerranée. Construit en 1946, aux Iles Baléares, il a été utilisé pour le commerce et a plusieurs fois changé de propriétaire et de nom, avant d’être racheté par l’Espagne qui l’a entièrement restauré pour le consacrer à la croisière et lui a rendu son nom initial.
Ces voiliers prestigieux ont pu être visités par des centaines d’admirateurs durant toute l’escale. Le soir, une fois l’accueil des visiteurs terminé, les marins ont pu visiter la ville, avant le départ pour Gènes, le lendemain.
Le lendemain matin, de nombreux Toulonnais devaient investir les côtes afin de saluer les magnifiques voiliers, à défaut de les accompagner, privilège de ceux qui ont pu naviguer près d'eux.
Merci, chers lectrices et lecteurs, pour votre soutien.
A bientôt pour de nouvelles rêveries maritimes.
Morvane.